Hagi était dans le salon de l’appartement qui dominait le Choclate. Il faisait les cents pas en chantonnant du Bach, son compositeur préféré. Rose, sa fille était assise au bord du fauteuil, les jambes écartées, le violoncelle vibrant entre ses cuisses. Il marchait avec les notes, prévint une pause en marquant le temps avec ses mains. Elles tapaient entre elle, légèrement comme un métronome. Rose le prit en compte. Une accélération, que des doubles croches qui se succédaient. Hagi ferma les yeux et jouait les chef d’orchestre, ses mains balayant les notes, puis soudain, la fausse note !
_Recommence, du début… souffla le père.
C’était la quatrième fois. La fin de la partition. Elle en avait encore pour cinq longues minutes. La jeune fille grogna et brandit l’archet. Hagi lui attrapa fermement le poignet et la fusilla du regard. Ce n’était pas la première fois qu’elle violentait son instrument par colère.
_Encore une rayure sur mon instrument de maître et je te brise ta vie ! Tu n’as donc aucune valeure des choses !? Il a remporté un grand nombre de prix ! Il m’a suivit plus de dix ans !
_La valeur des choses ?! C’est l’hôpital qui se moque de la charité ! T’as plus de sentiment pour ton putain d’instrument ! Tu ne vois même pas mes propres rayures ! Je hais ce violoncelle ! S’écria-t-elle avant de le basculer en avant.
Hagi rattrapa son ami de toujours avant qu’il ne touche le sol et décolla une gifle magistrale à sa fille. Sa joue rougit rapidement, comme ses yeux qui brûlaient de larme. Elle resta choquée, un petit moment. Elle avait la main sur son visage meurtri. Elle avait qu’une envie : l’insulter, mais elle portait trop d’importance aux mots, comme son père et savait qu’elle regretterait ses paroles. Elle s’en alla simplement, s’enfermant dans sa chambre. Elle n’appréciait pas plus que cela l’apprentissage du violoncelle, mais cela lui offrait une chose, des moments à partager avec son père. Voilà pourquoi elle s’y accrochait.
Hagi était resté dans le salon, se retenant de soupirer une bonne dizaine de fois. Il prit place sur le fauteuil et serra l’instrument contre lui. Il inspira fortement. Il était si rare qu’il lève la main sur elle, même presque jamais. Quand elle était jeune, c’était une petite tape sur les fesses ou sur la main, mais pas plus. Là, c’était la deuxième fois qu’il fut aussi violent. C’était souvent pour les même raisons, elle sortait de ses idioties quand elle voulait. Ca l’horripilait : ne pas l’aimer ? Ne jamais faire attention à elle ? Peut-être qu’il n’était pas le père rêvé, mais il l’avait élevé, protégé et aimé, on ne pouvait dire le contraire. Ca lui faisait si mal d’entendre de telles phrases. Aussi rare qu’était les mauvais traitements qu’il donnait à sa fille, le violoncelle l’était. Il n’en jouait plus aussi souvent qu’avant. Il avait Rose désormais pour jouer de jolies compositions et détendre l’esprit de Hagi lorsqu’il travaillait dans son appartement. Il plaça doucement ses doigts, laissa l’archet effleurer les cordes et il se lança dans un air mélancolique, fougueux à certain moment. Il en avait besoin. Il fallait qu’il sortes de ses remords et de sa colère, sa tristesse.
Lorsqu’il finit le morceau, Rose sortit de la chambre, une petite bouille penaude. Elle savait que son père n’avait presque que la musique pour communiquer. Elle lui avait fait mal, elle l’avait sentit dans chaque note qu’il avait frotter sur les cordes, chaque pause un peu trop longue, la lenteur des moment calme et la puissance des notes qui montaient en crescendo. Elle arriva derrière lui et passa ses bras autour de son cou, avant de lui déposer un baiser sur la joue. Hagi ne bougea pas, ni même de lui rendit son affection, mais c’était une habitude chez lui, elle finissait par s’y faire. Il s’osa quand même à lui embrasser les petites mains qui pendaient devant son visage.
_Je suis désolé. Je ne voulais pas te gifler. Je ne me suis pas contrôlé… chuchota Hagi.
Rose haussa les épaules et rangea l’instrument avant d’aller faire couler un café pour son père et un chocolat pour elle. L’eau chauffa tranquillement alors que le directeur du Chocolate arriva dans la cuisine, une cigarette dans le coin de la bouche. La jeune fille était sur une des chaises hautes qui se trouvaient devant la table murale. Hagi sortit du réfrigérateur quelques daifuku et les déposa sur une assiette. Rose se jeta sur une de ses pâtisseries japonaise et le mit entier dans sa bouche. Elle voulait faire rire son père par son manque de raffinement, mais Hagi regardait sa tasse de café, l’air pensif, perdu. Il avait l’air aussi très fatigué, de plus en plus chaque jour. C’était le boulot, mais aussi ses relations, puis sa propre fille. Il ne savait plus où donner de la tête. Il y avait aussi le conflit entre les deux mafias et qui s’amusait à prendre le chocolate comme terrain de bataille. Sa fille ne savait pas du tout ce qui pouvaient rendre ses épaules aussi lourdes et peindre d’une couleur de plus en plus sombres, les cernes sous ses yeux. Elle voulut attirer son attention, mais la pauvre fille ne fit qu’enfoncer le couteau dans la plaie.
_Dis, papa… Ton nouveau copain là, le blond, celui qui a MON âge limite … Il dit rien qu’il y ait une photo de Shun sur le frigo ? Genre, une photo de lui, intime quoi, de la vie privée…
_Il dit rien, car je dis que c’est toi qui l’a mise…
_T’es un hypocrite…
_Non, c’est toi qui m’a bassiné plus jeune pour que je la mette là… Alors je subis…
_C’est vrai ?! S’étonna la jeune fille, si surprise, qu’elle parla en anglais, sa langue natale.
Hagi lui fit un bref sourire et lui caressa la nuque avant de finir son café. Il regarda l’heure et la quitta pour passer dans la deuxième partie du dernier étage. Il partit donc de l’appartement, pour prendre la porte d’à côté, celle où était écrite : « Uemura Hagi bureau ». Il s’y rendit pour s’y enfermer une bonne partie de l’après-midi, du moins ce qu’il en restait. Il eut la chance d’avoir une fille un peu rebelle, mais sérieuse. Elle se mit à faire ses devoirs sans qu’Hagi s’en inquiètes ou même le lui rappelle.
Il régla quelques problèmes, comme des absences non justifiée, les impôts à payer, lire ses messages, voir les nouvelle demande de publicité ou de proposition de produits divers, les rapports des comptes que lui faisait Goto, vérifier aussi les primes qu’il avait calculé pour chaque employé. Il était très bon dans son rôle et Hagi n’avait presque rien à redire sur son travail. Il lui allégeait aussi pas mal de ses journées et il pouvait avoir confiance en lui. Soudain, la tête blonde décolorée de sa fille passa la porte. Elle lui informa qu’elle sortait. Hagi l’arrêta fermement et s’adossa à son fauteuil en cuir.
_Les règles ma chérie… Où ? Qui ?
_Quand et comment ? Je sais. Alors, le bar où je vais souvent, à pied en transports. Je rentre vers à peu près minuit je pense. Puis je pars avec Cloud.
Hagi soupira et lui fit un signe de main comme quoi elle était libre. Il avait jauger sa tenue lorsqu’elle déclina toutes les questions. Un short un peu trop court en jean, collant chair, des bottes mi-mollet, fripées en peau retournée, marron. Par-dessus tout ça, une tunique sobre, et un pull long, couleur crème, qui lui arrivait aux genoux. Peut-être qu’il y avait peu de crime au Japon, mais Hagi n’aimait pas ça ! Elle donnait une image de fille légère et frivole. Puis Cloud ! Elle le provoquait. Il lui avait pourtant demandé de ne pas fréquenter les employés, des gens en qui on ne pouvait pas faire confiance vu le milieu. Certes, Tetsu lui disait que du bien de Cloud, et c’est pour cela qu’Hagi l’avait gardé. Bon, c’était mieux qu’un autre. Il l’avait déjà croisé à plusieurs reprises. Il n’avait pas l’air méchant.
La jeune fille retrouva donc le jeune homme à la sortie du Chocolate et se rendit dans le fameux bar qu’elle fréquentait souvent. Celui où elle connaissait des personnes majeurs pour l’aider à payer de l’alcool. Elle arriva et présenta Cloud à ses camarades, puis demanda deux bières. Elle en donna une au jeune blond et trinqua avec lui. Elle lui fit un clin d’œil.
_C’est juste pour énerver Hagi, hein ! On est d’accord… Bon après, on ne peut rien prévoir.
Elle prit une bonne gorgée de la bière japonaise. Elle but pas mal, au point de ne plus vraiment tenir debout, ni même assise sur son siège. Elle fit même pas mal d’avance à Cloud finalement. Mais tout employés savaient que si on portait la main sur la perle de Hagi, on risquait sa place ou sa vie. Elle finit par aller vomir et appela Hagi, qu’il puisse venir la chercher. Elle ne voulait pas que le jeune blond paie le taxi et elle non plus. Elle raccrocha. Puis soudain, la jeune fille sursauta. Shun venait d’entrer dans le bar. Elle lui fit de grand signe en essayant de capter son attention avec une seule interpellation de son nom.
Hagi arriva quelques minutes après, trouvant rapidement sa fille, grâce à sa chevelure presque blanche, puis accompagné de Cloud, lui aussi blond. Il s’approcha de la table, essayant de ne pas faire de sermon à sa fille. Quoi qu’il préférait qu’elle l’appelle, plutôt qu’elle prenne le risque de rentrer dans un tel état. Et soudain, cette chevelure ardente, cette silhouette efflanquée et charismatique. Il faillit reculer d’un pas. Il prit une forte inspiration et entra dans le cercle. Il demanda à sa fille de rentrer. Elle répliqua qu’il était tôt et que Shun était là. Oui, le problème était là pour Hagi. Shun était présent ! Dernièrement, ils leur étaient difficile de se voir, surtout depuis que le nouveau gérant avait une nouvelle liaison.
- Spoiler:
HS : Cloud, utilise Rose comme tu veux, c'est un pnj, alors t'as le droit ^^. Juste tenter de rester fidèle à son caractère. Je pense que c'est relativement bien montré dans mon poste. Sinon, t'hésite pas, tu me poses des questions ^^