Impôts

Hagi attendit que le jeune homme monte dans la voiture. Certes, c’était peut-être la première fois que le jeune homme venait chercher l’argent, mais par instinct, il avait bien plus confiance en lui qu’en tout ces hommes qui venait prendre les impôts tout les mois. Yue tentait de lire dans son regard. Il était bien difficile quelques mois avant de le faire, mais là, avec en plus toute la fatigue qu’il accumulait, on voyait bien qu’il était sincère. C’était comme un vide sans fond qui meublait la glace de ses yeux. Il démarra la voiture et prit le chemin du Chocolate. Goto posa un pieds sur l’avant de la voiture, écrasant le cuir de la berline. Hagi y jeta un bref regard en biais. Il n’avait vraiment aucun respect pour rien, surtout pas pour les belles choses qu’on s’octroyait avec beaucoup de travail.

_Pourquoi il est là l’autre con hein ?! En plus, faut le ramener chez lui ?! C’est abusé !

Hagi freina subitement, ne laissant pas un temps de transmission. Tetsu s’était rattrapé à Yue, complètement déboussolé et Goto relevé la tête en gémissant, le nez en sang. Son visage avait percuté violemment son genoux. Il se mit à gueuler que son beau visage était foutu et qu’Hagi était complètement fou.

_Je pensais t’avoir prévenu de plus jamais remettre un pied sur ce cuir … non ?

Ce n’était bien sûr pas la seule raison à son geste. Hagi jeta brièvement un coup d’œil dans le rétroviseur pour voir si tout le monde allait bien derrière. Il balança quelques mouchoirs à Goto tout en constatant qu’il va devoir se racheter un nouveau costume de mauviette. Il arrêta la voiture à Shibuya pour y déposer son petit frère. Il se frotta ensuite le visage et regarda l’heure. Tetsu en profita pour grimper à l’avant, escaladant les sièges. Hagi soupira longuement et fortement. Il n’en pouvait plus de voir sa fraternité réduire sa voiture à néant.

Tetsu était appuyé contre la portière et regardait son frère avec un énorme sourire. Il adorait voir cet homme si impassible, si froid se faire avoir par ses pulsions. Hagi ne cessait d’observer le jeune Yue à travers le rétroviseur, feignant de surveiller la route. Il trouvait cela si attendrissant de la part de Hagi. Depuis Shun, ce n’était plus le même homme qu’il avait devant lui. Il n’était plus un bloc de glace et n’arrivait plus à le paraitre. Il finit par se tourner vers Yue.

_Tu racontes que de la merde ! Tu ne peux pas être asexué… Tu veux que je te dise, c’est IMPOSSIBLE de l’être. Mon frère avait encore moins de cœur que toi et c’est pour dire, pourtant c’est un chirurgien. Il a sauvé des vie, mais pour lui, ce n’était juste qu’une tâche à accomplir, il se moquait que la personne vive ou pas tant qu’il avait fait ce qu’il fallait. Et sexuellement, je me suis toujours demandé comment il a eu une fille, sans déconné… Sa meuf à du lui trébucher dessus. Bref, genre lui aussi il était asexué, mais enfaite non … Vous êtes juste trop difficile… Ou alors, t’ose pas te lâcher, car t’as trop peur de perdre quelque chose derrière. Puis t’es jeune. Il n’est jamais trop tard toute façon… Lui ça lui a prit à quoi, t’as quel âge ? 36, 37 ? Demanda Tetsu en souriant grandement.
_Tu veux que je me remette à freiner là ? Sérieusement, Tetsu, ferme là …
_Mais quoi, je t’aide à te faire une expérience un peu. Tu ne vas pas connaitre que Shun dans ta vie …

Hagi serra ses main sur le volant, faisant grincer le cuir. Il s’arrêta dans la parking surveillé et sortit de la voiture. Il entra dans l’établissement. On ne demanda pas de carte à Yue étant connu du Chocolate et surtout accompagné des deux Uemura les plus importants. Hagi prit l’ascenseur de service et envoya Tetsu dans son loft. Il fit signe à Yue de le suivre. Il entra dans son bureau et fouilla dans ses papiers qui était parfaitement rangé. Il y avait une enveloppe rouge foncé qui trônait au dessus de tout un tas d’autre lettre. Il la déposa sur le bureau, près de Yue.

_Excuse Tetsu… Il ne trouve rien de mieux que de m’embêter sur le relationnel. Il sait que je hais ça par-dessus tout. Le prend pas pour toi. Il t’aime beaucoup contrairement au reste de la famille. Enfin personnellement, j’ai rien contre toi, mais plutôt contre le despotisme de ton père. C’est souvent comme ça quand deux tyran s’affrontent, rien de plus classique. De ne pas te porter dans mon cœur est presque une coutume. Pour ce qiu est de Goto, si tu te retiens de le gifler vis-à-vis de moi ou du marché avec ton père. Juste comme ça, ce n’est qu’un larbin du Chocolate et une punition de temps en temps pour le remettre en place ne lui ferait pas de mal tant que tu n’en abuses pas bien sûr. Je reste très famille. Mais, je dois avoué qu’il abuse. Soit. Tu serai majeur, je t’aurais bien proposer un verre avant de te libérer, mais j’ai pas de soda sous la main…

Il s’avança vers la porte pour l’inviter à regagner son chez lui. Il le jaugea encore une fois avant de plonger ses yeux gris dans les siens. Non, c’était le manque de bon moment avec une autre personne. Bien tôt il retrouverait Shun et rattraperait le temps perdu. Il restait un homme avec des besoins. Il se mit à baisser la tête et fermait les yeux. Des images aussi passionnées qu’il en avait eu avec Shun quand il venait de le connaitre, envahissait son esprit. Il le pressa à sortir. Il n’aurait jamais imaginé que de le revoir entrainerait chez lui tant de démon. C’était du à l’excitation des retrouvailles avec Shun, rien de plus. Il se disait qu’il fallait qu’il l’appelle ce soir pour se calmer. Du moins, il aurait tant aimé, mais il ne voulait pas traiter le chanteur de la sorte.

Yue s’était désintéresser de la conversation après avoir plus ou moins compris qu’il était en sécurité et qu’il ne courrait pas à sa perte. Car si tel avait été le cas il aurait bien été obliger de leur fausser compagnie quitte à sauter en pleine marche. Il capta vaguement ce qui se disait à l’avant du véhicule, bien trop occupé à regarder ce qui se passait en dehors. En effet à cette heure ci les rues grouillaient de badauds en tout genre : du père de famille dans un costume trois pièce fort élégant au clochard qui mendiait un peu plus loin dans l’allée une bouteille de rhum à la main… On pouvait voir de tout. Il passa sa main sur la vitre et essuya la buée que formait sa respiration par condensation.
Il faisait si froid, les gens qui se trouvait dehors frissonnaient en se frottant les avant bras vigoureusement. L’hiver était le pire ennemie des gens dans le besoin. Shun le savait fort bien. Plus jeune il avait du faire le trottoir en toute saison et sans se poser de question. En voyant une prostituée replète se dandiner près de la sortie d’un bar ses yeux se voilèrent de tristesse. Un peu plus tôt s’aurait été lui qui se gelait les miches dehors en sautillant légèrement pour ne pas mourir glacé jusqu’aux os.

Tandis que son esprit était noyé de morosité et de souvenir vaguement déprimant il percuta la vitre du front. La voiture avait soudainement freinée le propulsant un peu plus vite qu’il n’avait de réflexe. Il porta une main à son visage ne comprenant pas bien ce qu’il s’était passé puis jeta un regard interloqué à Tetsu qui se tenait à lui de peur de tomber très certainement. Il l’aida à se replacer sur la banquette et s’apprêta a beugler comme il savait si bien le faire quand il comprit le sujet de la discorde : Encore une fois c’était lui.
Il soupira puis se recala dans la banquette noire tout en continuant de masser la partie de son corps qui finirait demain matin par arborer une charmant excroissance… impossible à cacher, un peu comme le nez au beau milieu du visage.

« _ Ce n’est pas la peine de le rabrouer… pour cela il faudrait qu’il connaisse déjà le sens du mot valeur quel qu’en soit la signification il me semble… »

Il ne l’avait pas dit avec sa pointe d’acerbité naturelle, non il préférait la garder pour plus tard. Une vengeance était si vite arrivé que le jeune Uemura ne le comprendrait pas tout de suite. Car pour le jeune Andô la vengeance n’était pas seulement un plat qui se mangeait froid, c’était aussi quelque chose qu’il fallait préparer minutieusement et dans le moindre détail… Quelque chose dont la proie ne pourrait jamais s’en sortir… Yue était une sorte d’araignée qui tissait sa toile et un piège et dont aucun insecte n’en sortait jamais. Il sourit pour lui-même tandis qu’enfin la banquette n’était que pour lui.
Bien qu’il soit de carrure peut imposante il aimait prendre ses aises et ne pas être serrer contre quelqu’un. Même si cette personne était quelqu’un qu’il adorait.

« _Je pense que tu ne me connais pas assez pour en juger au contraire… moi je te dis que je le suis. Je n’aime aucun des deux… Les hommes sont stupides et foncièrement égoïste, violent et parfois même vulgaire… les femmes sont vicieuses, superficielles et inintéressante… Honnêtement qu’est ce que cela m’apporterait ? J’ai trop donner dans les relations sexuelles pour pouvoir les aimer ne serait ce qu’un minimum… maintenant cela me répugne… Je ne dis pas jamais. Je dis juste que pour l’instant je suis asexué… »

Il détourna le regard de plus jeune des deux et continua de regarder la route. Maintenant que les choses étaient mises au claire il ne se souciait que peut de ce que pouvait bien dire son ami. A vrai dire il avait plus que l’habitude des humeurs exubérantes de l’ancien gérant… c’est pourquoi il ne lui en tenait pas rigueur mais préférait tout de même sagement l’ignorer. Une fois qu’il furent arrivé il salua une dernière fois Tetsu puis monta jusqu’à ce qui se trouvait être l’appartement de ce fameux hagi. Tout y était parfaitement rangé comme il s’y attendait… Il était facile d’imaginé l’état d’un lieu de résidence rien qu’en regardant son propriétaire… Hagi faisait partit des gens transparent qu’on savait atrocement maniaque… il ne s’était pas trompé.
Une délicieuse odeur de parfum flottait dans l’air. Un parfum bien trop doux pour être celui d’Hagi mais bien trop épicée et sournois pour être celui d’une femme… Il ressemblait un peu à ces poison qu’on dissipait dans les pièces enfumés pour tuer des opposants… Il se crispa comprenant aussitôt.

Shun était venu ici… Il était facile de le deviner. Bien qu’il ne connaissait pas cet homme, l’activité médiatique qui s’arrangeait autour de lui était assez concise et claire en ce qui concernait cet homme : une vipère…
Ne se laissant pas divertir plus que ça il tendit la main et attrapa l’enveloppe aux teintes carmine qui se trouvaient encore entre les doigts à la fois fins et long du chirurgien. Il la rangea dans sa poche puis se fit raccompagné jusqu’à la sortie.

Une fois sur le pas de la porte il se retourna plantant son regard dans celui du plus vieux. Il resta un moment à le regarder avec intensité comme s’il pouvait tout savoir d’une vie humaine rien qu’en faisant cela… Puis au bout de ces quelques secondes d’examen sommaire se détourna immédiatement.

« _Ne vous donnez pas la peine de me faire raccompagner… La rue est mon amie, je la connais mieux que ma poche puisque j’y ai en quelque sorte grandit… Autre chose, je ne vous en veux pas d’avoir de tel préjugés sur mon père adoptif mais sachez au moins une chose sur lui… il n’est pas forcément le rapace que vous décrivez. Il a des principe que personne ne saurait enfreindre et à été profondément bon avec moi…C’est pourquoi je ne tolérerais pas plus longtemps les insultes que votre jeune frère fait à ma famille. Sans cet homme je serais encore dehors à chercher le client pour une bouchée de pain… »

Yue s’arrêta enfin puis lui tourna le dos. Sa veste en cuire sur les épaules il s’approcha de l’ascenseur puis appuya sur le bouton d’appel.

« _Au fait je déteste la musique classique… Je n’aime que le heavy métal ou le métal symphonique… la prochaine fois passez en donc mon voyage seras certainement moins long si je ne suis pas obliger d’entendre les babillage enfantin de votre petit frère… »

Ces mots pouvaient paraître fort insolant pourtant il recelait une promesse très subtile. La promesse d’une prochaine fois…c'est-à-dire qu’il viendrait chaque mois récupéré la taxe à la place de celui qui le faisait en temps normal.

Un mois passa donc avant une agréable surprise pour Hagi. Il n’avait pas imaginé que le jeune homme reviendrait en personne chercher l’argent. L’enveloppe était prête depuis une semaine et attendait gentiment dans le tiroir scellé de son bureau.

Ce jour là, Hagi n’était pas en forme. Il avait une rhino pharyngite depuis deux jours. Rarement malade, le virus était coriace. Il portait un masque par respect à ses employés. Il toussait sans arrêt malgré les médicaments et il lui arrivait que la tête lui tourne à cause des antibiotique. Il venait de finir une entrevu avec un éventuel futur partenaire du chocolate. C’était une boite de strip-tease très clean et réputé. Il tamponna le papier et le donna à sa secrétaire du moment. Il changeait constamment. Quand il entra dans son petit bureau, la jeune femme sourit et battait des cils. Il s’arrêta et recula d’un pas comme s’il était face à un lionne. Il leva un sourcils.

_Vous avez l’air d’un voyou comme ça vous savez ?
_ …, impassible restait-il.
_Je trouves ca cool … Ca en jette …
_ … Tenez remplissez un papier de partenariat et envoyez en une copie à l’entreprise.


Il retourna dans son espace et soupira. Il se demandait s’il allait la garder longtemps. Il s’assit et allongea légèrement le dossier du fauteuil. Il prit la télécommande et mit u peu de musique. Le sacre du Printemps résonnait dans toute la pièce. Il aurait tant aimé être dans son loft. Or, il savait que s’il s’y rendait, il dormirait toute la journée. Il se redressa et enfila ses lunettes. Il rangea brièvement les papiers sur sa table. Il aimait l’ordre surtout sur son lieu de travail. Une fois tout classé, il reprit place au fond de son énorme fauteuil en cuir. Les lunettes relevé sur ses cheveux, les mains sur son ventre. Il commença doucement à somnoler.

Il avait renvoyé sa fille à son école, mais maintenant c’était Tetsu qui restait dans son loft. Il voulait garder un œil sur lui. Or, le jeune homme n’était pas de tout repos. Il faisait sans cesse des allées retour, et surtout fumait son cannabis à longueur de temps. Hagi n’en supportait pas l’odeur et elle s’imprégnait dans tout les tissus. Sans parler de toutes les histoires que lui ramenait Goto et Shun qui n’en faisait qu’à sa tête, autant que lui du moins. Il était plus que fatigué. Il avait mit son travail un petit peu de côté et c’était des montagnes de papier qui l’attendait. Cette maladie inoffensive ne l’arrangeait pas. Il avait tant besoin de se changer les idées. Mais il avait fait la bêtise d’habiter sur son lieu de travail. Il n’avait nulle part où s’échapper.

Alors qu’on frappait à la porte, il ne réagit pas vraiment, toujours bercer par la musique. Il avait omis de dire à sa secrétaire qu’on le prévienne si quelqu’un arrivait. Et quelle bêtise, le voilà dans une situation légèrement embarrassante. Les lunettes fiché dans des cheveux légèrement décoiffé malgré sa queue de cheval basse, le masque sur le menton, et quatre bouton de chemise dégagés.

Yue monta les escaliers à grands pas. Cela faisait une semaine qu’il aurait dut venir dans ce lieu de perdition cependant le temps lui avait manqué et il avait eut de nombreuses autres préoccupations que de se soucier de venir chercher une simple enveloppe contenant deux trois billets. A présent cependant, il devait se rendre à l’évidence il avait été légèrement trop clément et son père lui en tiendrais rigueur si jamais l’argent n’était pas rassemblé ce soir même. Il trouva la secrétaire en train de se venir les ongles, moulé dans une robe à imprimés léopard beaucoup trop court. Sa culotte bien que se fondant dans les couleurs semblait renvoyer toute la vulgarité du sexe féminin.
A vrai dire il avait été assaillit par la luxure en entrant. Bien qu’elle fut cacher aussi bien que lui permis les lieux… Le jeune homme avait toujours eut un sixième sens pour détecter ce genre de trafic… Les images de corps en sueur , de chair vendu pour une bouchée de pain…des vies ruinées …réduites en cendre. Il soupira aussi fort que lui permis ses poumons douloureux. Il avait eut deux cotes cassées la semaine précédente et malheureusement elle se ressoudaient plus que très mal et le faisait atrocement souffrire lorsqu’il inspirait ou expirait de la sorte…

Il fut diriger vers le fond du couloir d’un geste dédaigneux. Puis la jeune femme peroxydée le dévisagea de la tête au pieds avec horreur. Visiblement son look punk ne lui plaisait absolument pas… A vrai dire il ne pouvait pas la blâmer visiblement tous les goûts étaient possible… même le mauvais goût visiblement…
Il toqua à la porte. A en juger par l’absence de lumière sous la porte et la musique qui filtrait lentement il en déduisit que celui-ci faisait une sorte de sieste. Entrant silencieusement il sourit de le voire , lui le grand et puissant Hagi, si vulnérable. Il était allongé les paupières encore close somnolent tranquillement. Yue aurait put le tuer sans difficulté si cela avait été son but ce soir là, ce n’aurait pas été la stupide standardiste en mini-jupe qui l’en aurait empêché visiblement… Il se pencha sur la chaîne Hi-fi et éteignit le disc, il bascula sur une station radio de Hard rock puis s’assis en tailleur à même le sol.

Il était certain que le gérant allait faire un bond et grimper aux rideaux en entendant les voix rauques hurler à la mort et le son lourd des basses. C’est pourquoi d’un œil amusé il fixait la scène très attentivement. Il aimait s’amuser des peurs des gens.

Hagi partit bien lon dans ses songes et fut alerté par cette musique comme s’il s’agissait d’une attaque terroriste. Il sursauta et grogna.

_Goto ! Je t’avais dit de ne pas recommencer avec ton bruit de troll sorti des enfers !

Il éteignit la chaine hi-fi grâce à sa télécommande et sursauta à nouveau en voyant la petite tête blonde qui venait de s’asseoir dans un des deux fauteuil face au bureau. Il se redressa et remis un peu d’ordre à sa tenue. Il releva le masque, posa ses lunette sur le bureau et passa quelques mèches derrière les oreilles. Il s’appuya fermement sur ses coudes et planta ses yeux gris dans ceux de Yue.

_Pour information, je ne trouve pas cela drôle du tout. J’aurais pu être cardiaque ! Je regrette presque les autres filou qui venaient chercher l’argent… soupira le gérant. Aussi puissant que puisse être ton père, t’as intérêt à te faire pardonner.

Il renifla et puis s’emporta dans une crise de toux grasse. Sa gorge s’était infectée. Il se reprit après une bonne minute.

_J’étais vraiment pas d’humeur, mais là …

Il appuya sur un des boutons du téléphone qui trônait au coin de son bureau.

_Marie couche toi là, commande pour deux le déjeuner… Et c’est toi qui paie, ajouta-t-il à l’intention de Yue. Soit heureux, je te demande pas grand-chose pour ton attitude….

Il sortit l’enveloppe et recompta le contenu pour être sûr. Il cacheta le tout et la lui tendit. A ce moment, la jeune femme arriva et posa deux assiettes qui venaient d’être chauffées. Elle les posa avec lenteur, une moue sur le visage. Elle fixait le gérant. Celui-ci se sentait presque déshabillé du regard. Il essuya ses couverts comme à chaque fois.

_Te sens pas obligée de revenir demain. Tu es renvoyée…

La jeune femme se pressa de sortir et claqua la porte. Il ne supportait pas ce genre de femme. Elles étaient si vulgaire, vides, de vraies potiches. Il commença à manger son pavé de bœuf à la sauce au poivre. Seul le bruit des couverts meublait le grand bureau. Il lui jetait quelques regards, bien caché. Il avait tant de chose sur son corps qu’on ne s’ennuyait jamais de l’observait. C’était des piercing, son maquillage, sa coupe de cheveux, ses cicatrices, des grain de beauté…

Il se flagellait intérieurement de fantasmer, d’admirer un jeune homme comme cela et si jeune, bien plus dés lors que Shun était revenu. Mais, il le dévisageait déjà avant. Il n’y avait pas que le jour ou Andô débarqua chez lui pour parler d’argent. Toutes les fois où dans la rue, il avait la chance de croiser son chemin et que Ô grand bonheur, Yue ne le voyait pas. Il éveillait en lui ses désirs alors que Shun s’était tout son amour.

Il enfournait son riz pilaf dans sa bouche pour tenter de s’occuper. Il se concentrait sur chaque ingrédient qui donnait tant de goût à cette garniture. Puis alors que le plat se finissait vite et qu’Hagi lui demanda si c’était à son goût, une alarme sonna dans toute la ville. Hagi prit un petit moment avant de comprendre et il se leva précipitamment. Il prit Yue sous son bras et se fourra sous son bureau. Bientôt la terre se mit à trembler légèrement. Il n’était pas aussi terrible que celui de 1989. On entendit pas mal de chose tomber des meubles. Ils étaient tous formé dès la naissance à ce genre de catastrophe. Il suffisait de rester sous une table, en boule et attendre que cela passe. Hagi serra un peu plus Yue contre lui, espérant qu’on ne verrai rien, qu’on penserait à de la panique. Non, il en profita juste un peu. Cette épaule contre ses clavicules lui donna des frissons. Il avait bien fait d’oublier de refermer un peu plus sa chemise.

Yue sourit aux anges de le voir si énervé. Son visage était beaucoup plus beau une fois les sourcils froncés derrière ses épais cheveux noirs. Avec son masque il avait l’air effrayant pour quiconque n’avait pas l’habitude du milieu des gangs et autres violence. Il se leva souplement et attrapa l’enveloppe sans se départir de son sourire jovial et enfantin qui était si rare. Il s’assit à la table qu’on lui présentait d’une main agacé puis s’accouda dessus.

« _Bien sur que je vais payer le repas….Mais je moi je n’aime que les trolls qui beuglent je vous l’ai déjà dit lorsque je suis partie la dernière fois… Et puis Je vous ferais remarqué que je me fiche pas mal que vous soyez d’humeur ou pas à mes blagues… »

Il n’y avait aucune animosité dans sa voix, seulement une désinvolture et une insolence dont tout le monde avait l’habitude en sa présence. Il croisa les jambes et regarda écœuré la femme avec sa robe trop courte les servir. Lorsqu’elle se pencha ostensiblement sur le meuble ou ils comptaient manger tous deux on aurait cru que sa poitrine allait sortir et s’échapper de son décolleté. Yue ne put retenir une moue de dégoût fixant son attention sur autre chose.
Il n’avait jamais bien compris pourquoi certaine personne s’entêtait à faire ce genre de chose quand d’autre n’avait pas le choix et finissait dans la rue sans jamais l’avoir demandé.

« _En même temps à quoi vous attendiez vous… Dans un établissement comme celui-ci ça doit être dur d’avoir des employés ne serait ce qu’un peu décent… Quand on sait ce qui se passe derrière votre couverture de lieu d’amusement… »

Il mangea ensuite avec appétit. Il avait toujours détesté la sauce au poivre…Le poivre en particulier mais il se régala avec la garniture et avec la viande après l’avoir débarrasser de tout ses affreux petit grain gris qui lui empoisonnaient la vie. Cela faisait très longtemps qu’il n’avait rien manger d’aussi bon et de savoureux… A vrai dire il ne mangeait souvent que des nouilles instantanés pendant des semaines et ne mangeait au restaurant qu’une fois tout les 36 du mois avec Monsieur Andô et ses acolytes…

Bientôt le sol se mis à trembler, Yue se retrouva bien vite dans les bras fort du gérant. En effet malgré ses apparence de salaryman élégant, sous sa chemise il cachait une certaine musculature. Le jeune homme trouva aussi sa peau étrangement chaude et son cœur en légère tachycardie… Peut être était il fiévreux ? Il ne manquerait pas de le lui faire remarquer lorsque le cataclysme se tarirait pour enfin disparaître comme si rien ne s’était passé. En attendant il profitait surtout de l’odeur viril de la peau du cou de Hagi. Il y enfouit son visage lentement et sans arrières pensées. Il n’aimait pas vraiment les catastrophes naturelles et encore moins quand presque tout se passait dans le noir…

« _Vous pensez que c’est bientôt fini ? »

Hagi resserra un peu plus sa main sur son bras pour le rassurer. Il espérait que cela prenne encore quelques secondes par contre, juste pour le sentir contre lui. La magnitude n’était pas forte. Une fois sûr que tout était fini, il sortit doucement de sous le bureau à conter cœur. Aussi exigeant était-il, il avait quelques des désirs bien simples.

Il se précipita dans la salle adjacente, prenant des nouvelles de la secrétaire. Elle n’avait rien. Il revint auprès de Yue. Il lui tapota l’épaule brièvement et se dirigea vers sa bibliothèque acheté chez un grand designer. Des objets étaient tombés. Il y avait un panda en papier mâche de Rose et surtout un cadre photo. Il le ramassa et caressa la vitre brisé. Il s’y écorcha le doigts, le sang s’infiltrant entre les fissure. C’était une photo de Shun. Il aurait du le voir comme une prédiction. Il le coucha sur l’étagère. Il n’eut pas le temps de demander quelques nouvelles à Yue par politesse que tout les boutons de son téléphone clignotaient. Il en décrocha un au hasard.

_Débrouillez-vous ! Soyez un peu plus intelligent que tout les autres jours où je vous paie s’il vous plait. Pour ce qui est des clients, vous leur faîtes une remise de 30% sur leur consommation. C’est déjà pas mal alors que j’y suis pour rien. Et vous le répéter à tout les autres. Je veux que dans une minute, plus aucun appel arrive à mon combiné !

Il raccrocha et regarda le jeune homme blond. Il lui donna quelques billets et lui appela un taxi. Il lui dit qu’il l’aurait bien déposé, mais qu’il devait s’occuper du club. Il le raccompagna jusqu’à la porte, une main dans le dos.

_J’espère au mois prochain … Ou même avant… S’il y a besoin …

C’était une sorte d’invitation cachée à venir sans aucune raison lui rendre visite.

Un mois passa où il avait prit une décision bien difficile. Il avait en conséquent prit quelques vacances. Il passa un bon moment dans sa petite maison en France. Même s’il avait quelques souvenirs tendres avec Shun, cela lui fit du bien de s’excentré et de prendre un peu de recul. Il était ainsi loin de la famille, du travail et surtout de ses relations. Tetsu l’avait remplacé. Cela faisait longtemps qu’il n’avait eu le Chocolate entre les mains. Il lui arrivait de temps en temps d’aider ou de s’occuper, mais pas tant de temps et seul. Il y avait toujours Hagi non loin de lui pour venir le secourir, cette fois-ci, non. C’était devenu une vraie usine, loin de son love hôtel. On lui demandait beaucoup plus de responsabilité et d’énergie.

Le gérant revint à son bureau plus que détendu, du moins pas pour longtemps, or il n’imaginait pas un instant ce qui l’attendait. Il arriva à Tokyo vers 22h et il ne fut donc pas aspiré par le décalage horaire. Son chauffeur l’attendait de pied ferme devant l’aéroport. Il le remercia de son ponctualité. Il lui demanda de faire un arrêt devant une épicerie où il alla se prendre un plateau repas. Il en acheta un relativement impressionnant, de quoi le nourrir pour une journée complète. Il mit enfin un pied au Chocolate. Tetsu n’était pas là. On avait mit l’établissement en conduite automatique. Il ne se rendit pas directement dans son bureau. Il prit une table au cabaret pour boire un café et manger son repas tranquillement, tout en voyant les nouvelles prouesses qu’on avait auditionné. Il adorait tout bonnement. Pendant qu’il dégustait son riz au sésame avec quelques aiguillettes de poulet au curry et des onigiri aux prunes salée, on était allé déposé ses bagages dans son loft.

Une heure plus tard, il longea la couloir pour se rapprocher de la porte qui menait à son bureau. Il ouvrit la porte et hésita un instant. Il n’était pas fermé. Tetsu avait vraiment aucune jugeote. Il soupira et alluma la lumière. Il se figea, et sa surprise se marqua sur l’iris de ses yeux qui se serra. Matsuda était assis sur le bureau, une énième cigarette dans la bouche à en conclure face aux cendrier qui débordait. Puis, il baissa la tête en voyant que la moitié de son bourbon avait été gâché.

Il soupira et l’invita à quitter les lieux. Il ajouta qu’il était bien trop fatigué pour supporter ses gamineries. Il avait un bras dans l’atèle et tanguait sur le bureau comme si un souffle aurait pu le renverser. Il poussa la chaise de son bureau et prit place, feuilletant les messages qui s’étaient accumulés au près de son ordinateur.

_Tu sais, t’aurais pas du me faire chier ! Ca va pas bien dans ma tête en ce moment, et toi tu fais tout pour tout détruire ! Connard, t’aurais du réfléchir à deux fois !!! Beugla le photographe en lui jetant des médicaments en plein visage. J’ai pu toute ma conscience sans ça tu sais !!! J’ai pas la notion du bien ou du mal ! T’as juste eu de la chance l’autre soir !
_Ecoute Matsuda, moi je suis vraiment épuisé, j’ai une entreprise à faire marché et j’ai vraiment pas besoin de ça là. Sincèrement, laisse moi tranquille, va pleurnicher ailleurs.
_Tu crois que je rigole en plus !!! S’égosilla le photographe en bondissant sur Hagi.

Le gérant ne bougea pas, les yeux plantés dans les siens, toujours avec autant de dédain. Il sentit une lame sous sa gorge. Il serrait juste les accoudoirs de son fauteuil. Il tentait de rester le plus calme possible. Il tenta de bouger, mais la lame se colla un peu plus sur la peau fine de son cou.

_Bouges, demande de l’aide et je te laisse même pas le luxe de revoir hm, ta fille, ou encore ta famille … Que deviendrais Tetsu sans toi hein ?

Il finit par s’arrêter, ne montrant aucune résistance. Matsuda sourit et lui tapota la joue.

_Tu sais ce qui m’énerves le plus chez toi ? C’est ton côté crispé, toujours trop sérieux, ce serait bien que tu te décoinces un peu non ?!
_Qu’est-ce que tu me veux matsuda ?
_Oh, je sais pas. Rien ! Prendre le pied que t’as pris quand tu m’as mis à terre … Et là, je vais te donner une belle envie de sourire, un vrai et beau sourire que t’auras pour un bon moment !

Matsuda enfonça le couteau dans la bouche de Hagi et plaqua le tranchant de la lame au coin de ses lèvres. Doucement, elle commençait à couper la chair. Le gérant gigotait comme un fou, tentant de le repousser, mais son ancien ami développait une force jusqu’à maintenant. La douleur commençait à le dévorer, le burlant vivement.

La secousse s’évanouit bien trop vite pour qu’il puisse savourer à sa juste valeur le divin parfum du gérant. Il dut à regret se décollé du corps finement musclé et ciselé de son compagnon pour se relever souplement. Son cœur battait encore la chamade ce que visiblement Hagi interpréta comme de la peur enfantine. Yue se demandait s’il pouvait vraiment comprendre que pour la première fois depuis longtemps son cœur avait émis une sorte d’émotion autre que la colère. Quelque chose que le plus jeune avait beaucoup de mal à appréhender et à comprendre ne l’ayant jamais connu ou ressentit auparavant.

Il vit l’aîné des Uemura faire des aller retour entre les pièces et les meubles adjacents avant de se stopper dans ce qui semblait être une course effraie contre les répercussions de la catastrophe naturelle. Yue leva un sourcil étonnamment septique quand il vit le plus vieux caressé le verre brisé d’un air attendrit… un air qui en soit était surprenant mais redonnait un peu de douceur à se visage froid. Le plus jeune s’attendrissait légèrement quand il se fit brusquement raccompagné jusque la sortie. Il soupira intérieurement mais ne manifesta aucune objection a partir. Ce n’était pas son genre de se faire encombrant ou de s’inviter même s’il n’avait aucune envie de partir à ce moment là…

Il le salua poliment et succinctement avant de descendre les escaliers quatre à quatre. Il fit une grimace absolument indigne de son âge à la standardiste qui le dévisageait encore puis entra dans le taxi. Lorsqu’il fut confortablement installé sur la banquette, il donna son adresse au conducteur qui le reconduisit aussi vite qu’il le put jusqu’au pas de sa porte. Le petit blondinet était exténué mais une fois les quelques marches séparant le monde extérieur de son hall montées, son cellulaire se mis à sonner de façon stridente. Il décrocha en appuyant sur le petit bouton vert puis le porta à son oreille droite avec une nouvelle fois une lenteur infini.

« _Allô monsieur Andô souhaiterais vous voir ce soir même… Est-il possible que vous veniez de ce pas où devons nous vous envoyer des personnes accompagnatrices?
_J’arrive aussi vite que mes jambes me le permettrons Jin… en attendant je vais m’occuper de recharger mes armes et j’accours dans une vingtaine de minutes. Tente de le faire patienter comme tu peux même si ce n’est pas facile par moment.
_Très bien monsieur… Oh une dernière chose monsieur… Vous devriez peut être pensez à rapporter l’enveloppe que vous êtes aller prendre chez les Uemura. Monsieur Andô en fera certainement bon usage une fois entre ses mains. »

Le plus jeune n’eut pas le temps de riposter amèrement que le fameux jin eut raccroché le combiné. Soupirant, il se demanda s’il n’était finalement pas une source de nuisance pour le gérant… Visiblement il n’était pas aussi libre qu’il l’avait cru et son père adoptif le filait et le mettait en surveillance rapprochée. Certainement qu’il ne pensait pas à mal étant donné que le dit père était franchement une personne de confiance, mais Andô avait tendance à se faire des films sur la sécurité de son petit protégé, ce qui exaspérait fortement le tueur à gage.

Il posa son sac dans l’entrée puis avala un verre d’eau et des vitamines avant de lustrer son armes et de la recharger. Une fois remis dans son petit nid douillet qu’était l’étuis il en resserra la sangle puis se mis en route pour le QG de la mafia.

***

Un mois passa… Un long et terrible mois durant lequel le jeune homme passa le plus clair de son temps dans sa chambre. Au cours d’une altercation, il avait dut protégé de son corps son père et s’était retrouvé avec une balle niché au creux de l’épaule. En soit cela aurait put être bien plus grave… Rien n’avait été lésé, pas de poumon, pas d’organes critiques… mais le corps de l’adolescent était fatigué, las de mauvais traitements… et il ne se remettait pas de cette dernière agression.

Alité depuis il avait mis un temps fou à pouvoir rebouger le bras gauche. Heureusement, ce n’avait pas été le droit qui était pour lui la main directrice et la seule avec laquelle il était susceptible de pouvoir tirer et surtout tirer et viser bien. Une fois qu’il avait à nouveau put ressentir des picotements aux extrémité digitales de son membre blessé, il avait recommencé à sortir un petit peu tout en restant prudent. Le travail avait été suspendu pour lui et était répartis chez des jeunes gens bien moins doué que lui en la matière…

Ce jour là il passait devant l’ancien love hotel et il eut soudainement envie de revoir le doux visage du gérant. En effet il était quelque peu déprimé par son état ses derniers temps et ne rien faire n’arrangeait rien. Il se laissa convaincre que de tourner en rond n’était pas une solution et que peut être discuter avec quelqu’un, en l’occurrence Hagi, lui ferait le plus grand bien. Il passa donc les portes d’entrée et monta vers le bureau de celui-ci. La secrétaire tenta tant bien que mal de l’empêcher de passé mais sa petite mascarade ne dura pas longtemps et elle fut obligé de cédé lorsque celui-ci lui montra de plus près le canon de son arme.
Il entendit alors un bruit étouffé provenant du fond du studio. Un bruit qui fut aussitôt accompagné d’une sorte de bruissement humide et d’une respiration haletante.

Yue avait toujours été connu pour deux chose, son habileté sans pareille et ses sens très développé. Entre autre il entendait très bien. Bien qu’il craignit pour la vie de l’aîné des Uemura c’est avec une lenteur et une prudence infini qu’il se glissa dans l’habitable. Prenant bien garde de ne pas faire de bruit en marchant sur le sol il s’approcha de la source du bruit en bloquant sa respiration. Ses sens en alerte il scruta l’obscurité discernant enfin la scène qui se déroulait sous ses yeux. Alors avec une rapidité fulgurante il tordit le bras de Matsuda. Il était expert dans le domaine de la douleur, parfois il ne suffisait pas d’une arme pour faire mal. La compression d’un simple nerf pouvait entraîné une douleur si poignante qu’elle donnait envie de pleurer. Il lui tordit un doigts jusqu’à ce qu’il fasse un angle droit puis prononça économiquement quelques mots d’une voix menaçante.

« _Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux définitivement pas le savoir. Car si je connais votre nom il équivaudra pour moi à un contrat de suppression. Vous allez lentement lâcher cette arme et si ce n’est pas le cas dans 2 secondes je vous fait sauter la cervelle ! Si vous m’avez bien compris vous allez cligner des yeux trois fois d’affilé…si tel n’est pas le cas là aussi je fais de la compote avec de qu’il vous restait de neurones actifs ! »

Hagi avait fermé les yeux, griffant le cuir de son fauteuil. Le sang commençait à s’écouler dans sa bouche. Il se demandait s’il allait s’arrêter là. Et si finalement, il le tuais quand même ? Soudain, une voix sombre éclata dans la pièce. Matsuda aurait lâché son arme, sachant qu’une arme à feu aurait plus vite arrêter son cœur qu’il aurait gravement blessé Hagi. Or, il n’eut pas le temps de se rendre réellement. Il laissa tombé son outils de supplice plus par la prise de Yue que par peur.

Hagi sentit une bouffée d’air frais envahir ses poumons. Il ne regardait la scène que d’un œil, se plaquant une main absente sur la joue. Il l’avait entaillé que d’un bon centimètres. Matsuda quitta la pièce avec une grande rapidité. Hagi n’avait pas bougé, complètement perdu. C’était le vide qu’l observait avec tant de profondeur. Bientôt il se concentra sur une silhouette, celle de Yue. Il allait le remercier, mais une chose si rare lui échappa : une larme. Il avait eu si peur de mourir. Il venait de se rendre compte à quel point il voulait vivre et qu’il y avait surtout plein de raison.

Il se leva brusquement et lui plaqua l’enveloppe sur le torse avant de déguerpir à son tour. Il avait si honte. Il se rendit dans sa salle de bain et avec un calme et une précision qui ne se prêtèrent guère à la situation, il se fit quelques points de suture. Deux suffirent amplement. Puis à l’aide de gaze et de sparadrap il cacha cette défigurant plaie. Ce n’était pas un drame, il le savait mieux que quiconque. Il se mira un long moment. Il en avait marre d’avoir le rôle du bourreau, celui de l’être sans âme qui détruisait les autres. Il ne l’avait pas choisi, il avait surtout prit conscience qu’il ne l’était pas. Jusqu’à maintenant, il pensait sincèrement n’être qu’une statue de marbre. Surtout avec Matsuda, il n’était nullement fautif et sûrement pas sa tumeur, au contraire.

_Pour info… C’est TA fille… dit-il seul, face au miroir, comme si Matsuda pouvait l’entendre.

Il affirmait aussi ce qu’il pensait, or pour Shun il ne trouvait en lui que ce visage de glace, ce cœur de pierre. Il se laissa choir sur le bord de sa baignoire un petit moment. Il retourna lentement auprès de Yue. Il était un peu plus maître de lui et il espérait bien que le jeune homme n’était pas déjà reparti. Il resta un instant sans bouger, puis l’air de rien, du moins presque, il se mit à enfin à parler.

_Merci, seulement merci. Je te dois sûrement la vie. Je ne l’oublierai jamais. J’ai une dette…. Tu veux pas rester un peu ? Lacha-t-il après un long silence.

Il ne voulait pas rester seul pour l’instant, encore bien angoissé. Il mit un peu d’ordre dans son bureau, puis invita Yue à passer dans son loft. Une fois dans la salle de séjour, il sortit immédiatement deux verre qu’il posa sur sa table basse en bois laqué, puis une bouteille de vin. Il la déboucha d’un geste sûr et rapide. Il se servit un verre, mais laissa l’autre vide.

_Si tu veux, j’ai du soda dans le frigo ou de l’alcool fort sous le buffet.

Il s’assit et attendit que le vin italien vienne enchanter ses papilles. Il laissa lentement sa tête s’appuyer sur le dossier de son canapé. Il se repassait la scène encore et encore, puis il finit par regarder Yue avec insistance.

_tu es effrayant. T’aurais mon âge, j’aurais rien dit… Mais là, la façon dont tu l’as maitrisé. Tout était précis, calculé, prévu. Ca me laisse sans voix. Comment on en arrive là hein ? A 18 ans, et être un vrai ronin…

Yue avait eut beaucoup de mal à canaliser ce qu’il appelait communément la rage meurtrière. Une sorte de colère que tout le monde possédait tapis bien au fond de lui. Et elle n’attendait qu’une chose, un élément déclencheur pour pouvoir se déferler tel un ouragan de terreur et de mort. Les scientifique appelait cela l’instinct sauvage, le jeune homme se plaisait à l’appeler le gène de la violence et du meurtre. A ce moment là il avait une telle poussée d’adrénaline, qu’il était devenu un animal assoiffé de vengeance. Et il était indubitablement devenu le plus fort. Il respira calmement tentant de calmer les battements effréné d’un cœur trop mis à l’épreuve puis s’adossa au mur tendis que le plus vieux s’échappait en courant vers la salle de bain.

Il entendit l’eau coulé et se douta que celui-ci tentait de dissimulé les petites gouttelettes qui avaient perlés de ces yeux… Pourtant le plus jeune trouva cela fort inutile. Il était de ces personnes qui ne croyait en rien. Il ne croyait pas aux lois, pas à la justice et pas à légalité… Il ne croyait donc pas non plus au interdit sociaux. Pour lui un homme pouvait pleurer aussi bien qu’une femme tant qu’il avait de la peine. Et la peur était un sentiments que n’importe qui éprouvait dans telles conditions. Il n’y avait aucune honte a avoir, surtout qu’il avait été digne quand certain déféquait ou urinait directement sur eux lorsqu’il pensait leur dernière heure de vie arrivée.

N’y pensant plus il commença à jouer avec une mèche de ses cheveux. Sa respiration était enfin devenue normale et il avait réussit à décrisper un à un ses phalanges contractées et désertées par le sang. Il ressentit l’envie de fumer une cigarette mais par respect pour l’endroit où il se trouvait, il n’en fit rien.

Bientôt le gérant réapparut, ayant retrouver sa contenance il arborait une élégance qui semblait être sa marque de fabrique chaque fois qu’il le voyait. Il aimait les hommes dignes qui ne se laissait jamais aller… Du moins dans une certaine mesure. Il se releva et sans un mot d’inclina légèrement. Attrapant ensuite entre ses doigts fins l’enveloppe de papiers froissée, il la fourra dans sa poche et s’apprêta à faire demi tour. Il pouvait comprendre qu’après avoir vu ce dont il était capable, il n’ait pas envie de passer son temps avec lui. Pourtant ce fut avec une certaine surprise qu’il accueillit les remerciement et l’invitation à rester auprès de lui.

« _Vous ne me devez rien du tout. Je ne pense pas qu’il ait réellement voulu vous tuer. Seulement et très certainement vous défigurer pour que vous lui soyez inférieur. Pour que chaque fois que vous vous regardiez dans le miroir vous pensiez à lui et vous vous sentiez diminué, inférieur… C’est ça qu’il voulait. S’il avait vraiment voulu ressentir la mort il ne m’aurait pas laisser faire avec autant de facilité, même prit par surprise… »

Il s’affala un peu sur le sofa et croisa les jambes lentement. Tout à coup une certaine lassitude le prenait. Du genre qui en général ne prenait que les hommes ayant beaucoup de vécut devant eux…ce qui n’était pas son cas pourtant. Il se leva et se servit une grande rasade d’eau de vie. Il l’avala d’une traite savourant la brûlure délicieuse du breuvage alcoolisé.

« _Je vais rester. Je n’ai rien de mieux à faire que de boire… »

Il avait dit cela avait un ton malicieux. Il se moquait un peu de lui bien qu’on entendit la sincérité qui sonnait au fond de sa réplique. S’il rentrait maintenant, il aurait soit une nouvelle mission , soit il devrait faire face à la misère. Et ni l’un ni l’autre ne l’enchantait réellement après une si rude soirée. La perspective donc de boire à tout en oublier était alléchante…

Hagi leva encore plus son sourcil droit quand Yue descendait l’alcool fort aussi facilement. Où était donc son innocence ? Il se servit à nouveau un verre de vin. Il ne le quittait pas des yeux. Il observait chaque partie de lui, chaque geste. La façon dont il tenait son verre, confiant, mais aussi dépendant. Ses piercing, sa coiffure, ses tatouages, sa tenue, il compensait la droiture et la précision, la perfection de son travail. Il ne se rendit pas compte qu’il finissait par sourire. Bien sûr qu’il n’aimait pas les jeune hommes. Il s’inquiétait d’être attiré par des adolescents comme Shun ou même Yue, mais non ce n’était pas leur fraicheur qui l’intéressait. C’était leur regard, leur vécu hors du commun malgré leur jeune âge. Il aimait cette maturité qui les enveloppait.

_Tu n’as pas répondu à ma question tu sais ? … Et pour Matsuda, oui, maintenant que tu le dis, peut-être qu’il ne serait pas allé plus loin, mais faut se mettre à ma place. Un homme qui te saute à la gorge avec une lame, tu imagines très bien qu’il pourrait te tuer sur un coup de tête aussi…

Il se massa la nuque puis encore un verre, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un quart de la bouteille. Ce vin était vraiment succulent et détendait son esprit. Peut-être un peu trop. Il y avait un mélange de l’agression et de Yue dans des situations peu catholique. L’adrénaline jouait-elle aussi ? Il avait envie de se donner des gifle ou alors de pendre un bon somnifère pour juste se plonger dans un noir profond qui ne pouvait le travailler. Il ne cessait de se frotter le front. Puis alors que le silence comblait l’environnement des deux protagonistes, il pensa subitement à une demande que lui avait fait Goto. Cette idée ne lui déplaisait pas du tout. Il y avait plusieurs modèles de prospectus qui faisait la promotion du repas de noël qu’offrait le Chocolate.

_Aufait, Goto t’as parlé du projet de passer la fête de nöël avec nous ? Il ne m’a pas donné suite. On fait ça chez Tetsu, à Ginza. Il n’y aura que Tetsu, Goto, Aki, Rose et moi… Te sens pas obligé. Je suis même surpris que Goto nous demande ta venue… Personellement, ça ne me gêne pas, ça ne gêne personne…

Il se leva et sortit une autre bouteille de vin, ayant vidé la sienne. Il servit encore un verre. Il étendit doucement ses bras sur le dossier du canapé pour se rapprocher subtilement du jeune homme. Il jeta un œil à une nuque qu’on devinait à peine sous ses longues mèches rouges.

_Tu sais, si tu dois rentrer vas y. Ne cèdes pas au caprice d’un pauvre homme légèrement apeuré et …

Il s’arrêta et décrocha son téléphone. Il devint encore plus blanc qu’il y a quelques minutes. Il quitta le salon pour s’enfermer dans sa chambre. Il y resta un petit moment avant d’en sortir, dépassé. Rose avait pas mal de problème à son école. On venait tout juste de lui confier qu’elle ne mangeait presque plus, si ce n’était de force, depuis déjà une semaine et là, elle était à l’hôpital. Elle n’avait rien de grave. Elle avait tenté de s’étrangler elle-même avec une ceinture. Il ne comprenait pas. Elle s’était jamais plainte et disait même qu’elle s’amusait comme une folle là-bas. Il lui avait demandé plusieurs fois si elle ne voulait pas plutôt rester avec lui, aller dans une école à côté de chez papa, elle ne disais pas oui, mais pas non, non plus. Elle était désormais entre les mains de la santé. On lui redonna un peu de vitamines, de faire et de sucre, puis demain à la première heure, une psychologue passerait la voir. Hagi leur dit simplement qu’il viendrait lui-même la chercher.

Il sortit une cigarette.

_Tu fais quoi quand t’as besoin de te changer les idées hein ? Je ne veux pas te retenir toute la nuit… Mais là, j’avoue que j’ai besoin d’un peu d’aide pour décompresser…


(si y'a besoin, tu peux directement sauté ensuite sur un éventuel repas de noel ^^)

La bouteille à moitié vidé, yue la reposa lourdement sur la table. Ses gestes étaient encore emprunts de minutie mais il devait avouer que l’alcool commençait à endormir ses perceptions et l’aiguisement de ses sens. Il se retourna très lentement calculant comme toujours avec une précision chirurgicale ce qu’il allait faire ou dire par la suite. Se faisant il pinça les lèvres avant de se forcer à sourire. Cela sonna affreusement faux avec le son enroué et rauque de sa voix.

« _Écoutes je n’y ai pas répondu parce qu’il n’y a rien à en dire… Comment j’en suis arrivé là ? Et bien quand tes parents te vendent parce qu’ils ne t’ont jamais souhaité à un proxénète d’enfant, que tu finis sur le trottoir et en toutes saisons et à temps plein. Que tu es le meilleur de ta maison close contre ton grès et donc que tu n’as pas une seconde de répit je pense que tu peux déjà faire une croix sur l’innocence de l’enfance. Après et bien conjugue le fait qu’un mafieux fort bien attentionné te repère sur le trottoir, te paye plus que nécessaire pour tes services… mais il ne fait que discuter avec toi. Il ne te salit pas lui, il t’écoutes, te laisse pleurer… parce que tu n’es qu’un enfant et ça lui il l’a compris. Il t’achète bien que ce fichu vieillard bedonnant soit contre… il ne te demande qu’une chose en échange de ta liberté… mais ça tu t’en fiche ! tu es près à tout pour ne plus te laisser toucher par ces gens si sales… Hum, et le marché de solde par des vies. »

Yue claqua dans ses mains sèchement comme pour annoncer la fin de sa tragique histoire. Il haussa les épaules puis repris une grande rasade du liquide qui se trouvait encore dans la bouteille en verre devant lui. Une fois cela fait il reprit d’une voix légèrement plus aiguë, une voix qui malgré lui trahissait le malaise qui l’avait gagné. Parler de cette histoire le mettait toujours dans un état de désarroi avancé, et pourtant il n’en avait pas plus honte que ça : elle faisait partie de son passé et son passé c’était lui. Il n’était pas du genre à le renier, seulement à tenter de le mettre de coté et de l’oublier pendant un temps.

« _En conclusion, je suppose que je suis devenue aussi bon dans mon domaine parce que je voulais à tout prix plaire à monsieur Andô. Après m’avoir rendu m’a liberté il m’a immédiatement adopter. Cela fait il m’a réinscrit dans une école, et mis à part ce petit service il ne m’a jamais rien demandé d’autre. Je suppose qu’on peut prendre cela comme un marché équitable… J’ai commencé jeune et donc je suis meilleur que les autres bien plus tôt. Sans compter cette fameuse motivation que les autres n’ont malheureusement pas. Cela réponds-t-il à ta question maintenant ? »

Il regarda Hagi faire l’aller retour entre le canapé et le meuble contenant les diverses boissons, qui à ce rythme là ne tiendrait pas la soirée. Il revint aussitôt avec une seconde bouteille de vin tout en lui parlant de la fête de Noël organisé chez l’ancien gérant du Chocolate II luxuary. Il haussa les épaules puis répliqua du tac au tac sans avoir besoin de réellement se pencher sur la question.

« _Je ne sais pas à vrai dire. Je verrais. Dans mon métier nous n’avons pas de vacances comme tu peux t’en douter, et le soir c’est là que mon activité est la plus forte. Si je ne reçoit pas de coup de fils durant l’après midi du 25 Décembre je viendrais aussitôt. Pour ce qui est de renter je ne suis pas du genre à composer avec les autres. Ni même à rester par politesse… Si j’avais vraiment voulu ou dut rentrer je ne serais pas là en ce moment même… vraiment ! »

Le cellulaire de l’aîné des Uemura sonna et il le vit aussitôt changer de couleur. Tendant l’oreille il compris le gros de la conversation mais le laissa tout de même la lui expliquer par politesse. Il ne voulait pas que celui-ci sache qu’en n’importe quelle circonstance le plus jeune pouvait écouter ses conversations téléphonique sans le moindre problème.

« _Pour me détendre ? A vrai dire je ne me détends presque jamais… Pour cela il faudrait que j’ai le temps et c’est le genre de variantes que je ne possède pas et ne posséderait jamais. Ceci dit une bonne douche chaude puis un massage devrait faire l’affaire. Met en plus ta musique ou ton film préféré et je pense que ça devrait achevé de parfaire le tout…. Enfin bon…Que dis-tu de mon formidable plan de détente improvisé ? »

Il sourit tout en prenant le téléphone d’Hagi et en le posant plus loin comme pour l’éloigner de toute ces turbulences.